Le militant Stokely Carmicheal, à qui l'on doit le concept de racisme systémique, fut une figure importante du panafricanisme. |
Depuis près d’un demi-siècle, le mouvement
panafricaniste avance timidement. « Avancer » est un bien gros mot, car l’honnêteté intellectuelle
nous pousserait de dire qu’il semble avoir…reculé. C’est que les années soixante
ont vu beaucoup plus de panafricanistes que cette deuxième décennie du 21e
siècle dans lequel nous vivons.
Né dans les Antilles, le panafricanisme est une
idéologie qui vise à rassembler les Africains et afrodescendants autour d’une
cause commune. Pour vulgariser, c’est comme être nationaliste sans frontières,
être patriotique à l’échelle du continent de la terre mère et de ses enfants
exilés.
Mais, pas seulement qu’une question de cœur, le
panafricanisme est une affaire de raison. Il a prouvé son efficacité durant les
soulèvements des années 1960. Les pères des indépendances ont su travailler en
bonne intelligence pour que chacun, dans son coin de pays, puisse relever les
fronts longtemps courbés. Félix Moumié, Thomas Kanza, Kwame Krumah, Patrice
Lumumba et autres avaient compris un principe assez simple : le feu chez
le voisin peut atteindre ma demeure.
Hélas, aujourd’hui, pour bons nombres de partisans, le
panafricanisme est plus ou moins un fonds de commerce. On y consacre de longs
discours sans vraiment y croire un mot.
À sa façon, le panafricanisme, comme toute entreprise,
n’échappe pas à la loi de Pareto : 20% d’adeptes pour 80% de figurants.
Il est un courant de pensée, à l’instar de tout
courant de pensée il a besoin de « vrais croyants », pour reprendre ici l'expression de Yuval Noah Harari dans son Best-seller, Sapiens. De grands défendeurs de la
cause prêts à mettre la main au feu pour cet idéal, de panafricains modèles
prêchant par l’exemple.
Sans vrais croyants, ce fameux 20%, le
panafricanisme restera un vœu pieux, une utopie pour quelques illuminés et une frustration
pour une poignée d’avant-gardistes.
Mayamba Luboya
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire