mardi 15 décembre 2015

Le mur de la communauté

Une communauté doit être un mur. Non pas un pour se renfermer, mais pour se protéger. Pas une façade pour se ghettoïser, mais plutôt une muraille pour se familiariser.

 

De l’extérieur, il bloque l’accès au tribalisme, à l’égocentrisme, à l’amateurisme et autres fauteurs de troubles qui finissent en isme.  De l’intérieur, il chaperonne ses enfants, précautionne ses personnes âgées.


Le mur doit être impénétrable à la zizanie, immunisé à la distraction. Un édifice de ce genre ne pousse pas seul dans la nature, il se construit avec la sueur des membres de cette collectivité.  Chacun des adhérents y apportant sa pierre, chaque bras y mettant la main à la pâte. Parce que tous les organes auront façonnées cette architecture, la forme finale aura le visage de ses bâtisseurs.


Dans les chambres de cette maison, il doit y avoir des cours de conjugaisons. Oui, apprendre à ne pas parler de soi à la première personne du singulier. Non plus à la troisième personne par narcissisme mais à la première du pluriel par allocentrisme.

 
Redéfinir la réussite, car le succès seul et caché est la voie royale vers l’échec communautaire.

 
Le créateur à fait en sorte que nous n’avons pas eu le droit de regard sur certains éléments pourtant primordiaux dans nos vies.  On peut choisir le t-shirt qu’on portera aujourd’hui mais pas sa famille. On peut trancher sur les différents groupes auxquelles nous voulons adhérer, mais pas sur sa communauté. Elle nous a été imposée tel un diktat céleste.


À nous ici-bas de combiner avec elle, pour le meilleur et pour le pire.  Dans l’extravagance comme dans la médiocrité. Même quand on aimerait se départir de sa tâche collective et s’en laver les mains comme Ponce Pilate, ce mur nous suit comme un ombre. Un dicton en lingala dit, « kombo nayo ekofunda yo », signifiant littéralement, « ton nom va te trahir ».  Notre patronyme serait donc un garde-fou contre toute tentative de fuite hors des frontières du mur. Il rattrape notre complexe, expose notre individualisme.

 
Malencontreusement, c’est trop souvent le malheur qui déclenche notre instinct grégaire. Comme si il nous faut être au pied du mur pour exprimer notre grégarité.


Voilà un autre aspect qui doit être abordé dans les couloirs de cette construction de groupe ; se réunir pour le plaisir. Se tourner vers les autres même quand tout vas bien, aider de manière désintéressé.

 
Comme l’aboutissement des Pyramides d’Égypte, le résultat ciblé prendra du temps, il demandera aux constructeurs de s’armer de patience. De mettre leur moral à l’épreuve des tentations des petites victoires court-terministes pour un triomphe sur le long terme.

 
Que les hommes et les femmes disposés à cette entreprise se lèvent ou se taisent à jamais.


      
            Guy-Serge Luboya
 

 

 

 

 

Kalala, un nom qui lui allait si bien