jeudi 30 juillet 2015

Mama Kimpa Vita

Quand j’étais petit on m’a dit que Napoléon était un grand guerrier maîtrisant l’art de la guerre comme personne. Que Christoforo Colombo était un explorateur hors pair à qui l'on doit la découverte de l’Amérique.

Je me rappelle aussi des leçons sur Mandela, homme au grand cœur, symbole du pardon ou de Martin Luther King, dirigeant du mouvement des droits civiques pour les noirs américains qui combattait la haine par l’amour.

Mais curieusement, jamais dans cette période on ne m’a mentionné le nom de Kimpa Vita, ni à l’école, ni à la maison. Je me demande même si ceux censés m’en parler étaient au courant de l’existence de cette jeune femme.

Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que Kimpa Vita ne cadrait pas dans ce tableau. C’est vrai, où aurait-on pu placer une femme, âgée d’une vingtaine d’années, révoltée et anticonformiste de surcroît, sur cette photo en compagnie d’explorateur douteux et leaders noirs modérés ?   

Kimpa n’aurait pas pu être au milieu, ni à gauche, ni à droite. Sur cette image, le seul endroit où on aurait pu la cacher..euh..la placer c’est..en arrière.

C’est justement dissimulé derrière toutes ces histoires que j’ai finalement découvert Kimpa Vita il y a quelques années. J’ai été frappé par l’esprit avant-gardiste de cette grande visionnaire. Au début des années 1700 elle tenait un discours qui serait encore d’actualité aujourd’hui.

Kimpa Vita n’était pas une « grande exploratrice », elle n’allait pas chez les autres leur dicter comme vivre leurs vies. Elle était chez elle au Royaume Kongo quand elle a refusée l’endoctrinement de certains étrangers venus du Portugal, voilà tout son crime.

La fille née Kongo, guidée par une mission prométhéenne, avait essayé de mobiliser la masse contre une imposture que ses yeux infrarouges avaient détecté. On ne l’a pas pardonné cet audacieux défi, elle a été brûlée vive en 1706.

309 ans presque jour pour jour après sa mort j’ai pensé à Kimpa Vita. En effet, elle a été dans un coin de ma tête tout ce mois de juillet. D'abord car elle morte en juillet, on a marqué l’anniversaire de son décès entre le 2 ou 4 juillet.

Ensuite, parce que l’Institut Kimpa Vita, une organisation à but non lucratif qui porte son nom, m’avait invité à participer à leur retraite annuelle du mois de juillet autour de la révolutionnaire. 

Mais surtout parce que le 31 juillet est la journée de la femme africaine (www.journeefemmeafricaine.com). 

Je l'appelle « Mama » car elle avait le sens des responsabilités et du sacrifice qui caractérise si bien une mère. 

Mon souhait est qu’en écrivant sur Kimpa Vita, en organisant des recueillements autour de son œuvre, elle ne soit plus éclipsée sur le cliché de l’histoire pour les nouveaux petits.



Guy-Serge Luboya 




Retrouvez l’intégralité de ce texte sur : www.journeefemmeafricaine.com


                                  

samedi 18 juillet 2015

Les grandes femmes

On entend souvent parler des grands hommes qui ont marqués l’histoire. Ils sont le sujet de films ou de Best-seller. Ces destins atypiques fascinent tout le monde, et en particulier les philosophes. 

Bon nombres d’entre eux leurs ont consacrés de grandes réflexions, Hegel en a fait une théorie, Durkheim s’est questionné sur leurs rôles dans ce monde d’hommes simples, Nietzche les surnommes les « surhommes », ou encore, « l’élite du caractère ».

Nos grands messieurs ont bénéficié d’une grande promotion de la part de nos sociétés. Même ceux qui ne s’intéressent pas trop à l’histoire peuvent nous citer quelques grands hommes sans googoler, on a qu’à penser à Soundjata Keita, Mandela, Kennedy, Lumumba, Chavez et tant d’autres.  

Cependant, une question nous interpelle ; sommes-nous en mesure d’énumérer des grandes dames avec autant d’aisance ? La réponse risque d’être négatif, mais pourquoi ?
Ce n’est pourtant pas les grandes femmes qui manquent. Il y a celles qui ont accompagnées ces grands hommes dans le tumulte de leur mission, les cas de Winnie Madikizela pour Mandela ou Pauline Opango pour Lumumba sont édifiants.

Mais il y a aussi celles qui ont étés sur le siège conducteur et non accompagnatrices. C’est le cas de Kimpa Vita, révolutionnaire Kongolaise, meneuse de la révolte contre les impérialistes portugais au Royaume Kongo, brûlée vive un certain 2 juillet 1706 ou celui d’Aoua Keita, sage-femme et militante de la première heure pour l’indépendance du Mali. 

Cette dernière est l’instigatrice de la journée internationale de la femme africaine (JIFA), jour promulguée par l'ONU et l'OUA le 31 juillet 1962.

Nous célébrerons donc le 31 juillet prochain, le 53e anniversaire de cette initiative de Mama Keita. La JIFA tente non seulement de répondre à la question du manque de visibilité des grandes femmes, mais aussi de relayer, inspirer et féliciter le travail des femmes africaines aujourd’hui.

Pour ce 31 juillet 2015, les instigatrices nous réserve plusieurs activités dont des articles et vidéos qui seront publiés sur leur blog, comptes sur les réseaux sociaux et site internet : www.journeefemmeafricaine.com. 

Pour l’équipe de JIFA, la cause de la femme africaine n’est pas qu’une journée par année, c’est un combat de tous les instants, une lutte de longue haleine.

En plus d’honorer des femmes inspirantes, l’organisme défend aussi celles en situations difficiles. Ainsi, il supporte les femmes congolaises victimes de viol au Kivu et les jeunes camerounaises et nigériennes enlevés par Boko Haram. 

Pour ces cas particuliers, l’équipe de JIFA appelle le public à signer des pétitions, participer à des campagnes virales sur les réseaux sociaux et accentuer la pression pour la mise sur pieds d’un tribunal pénal international pour la R.D.C.

Tout ce travail de titan est abattu par trois femmes ; Grace Bailhache, Aurore Foukissa et Caroline Kiminou. 

Quand je vous dis que ce n’est pas les grandes femmes qui manquent..



Guy-Serge Luboya

Portrait : Aoua Keita 



mardi 7 juillet 2015

Mon ami Hugo

Hey, prenez une pause du métro, boulot, dodo
Juste 2 minutes, le temps que je vous parle de mon ami Hugo
Il était le genre à dire ce qu’il pense et penser ce qu’il dit
Le style de caractère qui dérange l’ordre établi

À 36 ans, il échoue un coup d’état
Mais passe à la télévision et réussi un coup d’éclat
Emprisonné pendant 2 ans, il devient une star
Et sort déterminé à poursuivre le combat de Bolivar

Hugo n’était pas le chouchou des grands médias
Parce qu’il passait son temps à dire « yankees de mierdia »
En plus, il avait des mauvaises fréquentations
Il ne se tenait pas avec Bush, Sarkozy et tous ces bons garçons

Le 5 mars 2013 le gouvernement Vénézuélien était en larmes
Mon ami Hugo venait de rendre l’âme
Il aura fallu le mettre dans un cercueil pour le rendre calme
Mais son esprit dans l’air est resté tout feu tout flamme



Kalala, un nom qui lui allait si bien