mardi 26 mai 2015

Petite leçon de Lingala, grande leçon d'humanité

Le Lingala vous connaissez ? Cette langue africaine dont on retrouve les locuteurs en Afrique centrale, majoritairement en république démocratique du Congo. Langue des Bangala, ethnie provenant de la région de l’équateur dans le nord-ouest de la R.D.C, le Lingala s’est tranquillement imposé pour ainsi devenir une des 4 langues nationales de l’ex-Zaïre et la lingua franca de sa capitale, Kinshasa.

Des guerriers Bangala, aux forces armées Zaïroise (FAZ) en passant par les musiciens Congolais, les vecteurs du Lingala ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de la langue à travers les époques. La langue a aussi été exportée hors des frontières Congolaises et Africaines notamment par la diaspora lingalaphone et la musique.

Mais le lingala n’est pas qu’une mélodie d’un Koffi Olomide, ou un déhanchement de taille d’un Fally Ipupa. La langue est beaucoup plus profonde, et cache des concepts. Comme tout langage, elle trahit l’état d’esprit de ses locuteurs natifs. Von Goethe ne disait-il pas que ‘’l’âme d’un peuple vit dans sa langue’’.  

Découvrez trois concepts du lingala qui changeront votre façon de l'appréhender.

Le verbe avoir n’existe pas            
                                              
Vous ne posséderez jamais rien si vous le dites en lingala. Effectivement, la langue n’a pas de verbe avoir. Vous vous demandez alors, mais comment font-ils pour désigner leurs biens?  

Voilà je vous explique ; le verbe être à l’infinitif se dit ‘’ko zala’’. Sans rentrer dans les détails, tous les verbes à l’infinitif en lingala ont le préfixe ‘’ko’’. La préposition ‘’avec’’ se traduit ‘’na’’ en lingala. Ainsi, les lingalaphones disent ‘’ko zala na’’, qui signifie littéralement ‘’être avec’’. 

Donc, si vous avez une BMW et une villa sur le bord de la mer, vous ne dites pas j’ai mais je suis avec une BMW et une villa sur le bord de la mer. La logique est la même pour votre conjoint, vos enfants, famille et amis. Vous n’avez rien mais êtes avec tout.

Cette philosophie bantoue veut placer l’être au centre de toute chose. Veut rappeler à l’être que ce qu’il croit posséder ne lui ai pas donné, mais prêté.

Hier & demain : même combat   

Il y a deux grandes manières de concevoir le temps ; cyclique pour les uns, linéaire pour les autres. Si en occident on appréhende le temps davantage comme une ligne, dans le fondement de plusieurs sociétés africaines et asiatiques, il est plus vu comme un cercle. Ce n’est donc pas par hasard qu’en lingala on utilise le même mot pour dire hier et ..demain. 
En effet, ‘’lobi’’ veut dire hier et demain selon le contexte. Pour les lingalaphones, hier est demain et demain est hier. 

Cette conception temporelle n’est pas pour le statut quo comme a voulu le faire croire un certain Nicolas Sarkozy lors de son tristement célèbre discours à Dakar en 2007 sur l’homme africain qui n’était pas assez rentrée dans l’histoire. L’ancien président Français n’avait réussi qu’à étaler son manque de culture au monde entier.

''Lobi'' n'est pas contre le progrès, ''lobi'' veut simplement rappeler que rien n'est nouveau sous le soleil. 

La vie est la personnalité du soleil  

En janvier 2015, lors d’une conférence organisée par l’école de langues africaines ELA JAMBO sur les concepts des langues d’Afrique, le professeur Ally Ntumba décortiquait brillamment le mot ‘’bomoyi’’, signifiant ‘’la vie’’ en lingala. En effet, ‘’bo’’ est un préfixe utilisé pour désigner le caractère de quelques chose. Exemple, ‘’moto’’ signifie être humain, ‘’bomoto’’ veux dire personnalité, la façon d’être de cette homme ou femme. Ainsi, si on enlève le préfixe ‘’bo’’ dans le mot ‘’bomoyi’’, on obtient ‘’moyi’’ qui signifie.. soleil. ‘’Bomoyi’’ se traduit donc comme la personnalité du soleil.

Si une personnalité est une nature comme l’indique le dictionnaire, le mot ‘’bomoyi’’ nous illustre que bien avant les recherches scientifiques subventionnées à coup de millions, les ancêtres lingalaphones au bord du fleuve Congo avaient déjà compris que le soleil est la source de vitamine D essentiel à la vitalité. 

vendredi 22 mai 2015

Quelqu'un m'a dit..

Quelqu’un m’a dit que le monde est tenu par une oligarchie
Et ce n’est pas un hasard qu’en Afrique Ebola fasse un tel gâchis
Quelqu’un m’a dit qu’au Congo, tous les jours c’est comme Charlie Hebdo à Paris
Mais trouver un média qui en parle, c’est comme trouver où est Charlie ?

Quelqu’un m’a dit qu’il y a beaucoup de couleurs mais une seule race humaine
Qu’on a tous un sang rouge qui coulent dans nos veines
Quelqu’un m’a dit que Christophe Colomb n’a jamais découvert l’Amérique
Qu’une cellule à la CPI serait la place qu’il mérite

Quelqu’un m’a dit que Gbagbo avait gagné les élections en Côte-d’Ivoire
Mais que la Communauté international ne voulait rien savoir
Quelqu’un m’a dit que Simon de Cyrène a été effacé de l’histoire
Comme le Roi Zumbi, Ngongo Leteta et pleins d’autres noirs

Quelqu’un m’a dit que le 11 avril 2002, la CIA a essayé de kidnapper Hugo Chavez
Mais que le peuple à résister comme les Quilombo dos Palmares
Ne me faites pas un procès sur tout ce qui se dit
Moi j’y suis pour rien, c’est quelqu’un qui m’a dit

mardi 19 mai 2015

''Ne retourne pas au Congo''



Lundi, en fin de journée j’effectuais une course sur la rue Sainte-Catherine dans le centre-ville de Montréal. J’ai soudainement croisé un de mes vieux comme on dit dans le jargonafricain. Un vieux c’est un ancien, quelqu’un d’assez âgé pour être votre grand-frère mais trop jeune pour être votre père. 

Pour la circonstance, on l’appellera Moyi. Je connais Moyi depuis 20 ans maintenant. On se croise toujours par hasard environ 4 à 5 fois par année. Moyi est dans le début de la quarantaine, élevé en R.D.C, il vit au Québec depuis 2 décennies mais fait souvent la navette entre Montréal et Kinshasa. À chaque occasion, on s’arrête quelques minutes et discutent de tout & rien. Lundi, par contre, la conversation était un peu plus intense. 

Après les salutations d’usages, Moyi me demande ; « Alors Guy-Serge, je sais que tu es dans les affaires, ta pensé à faire du business au Congo ? 

Moi : Oui, oui, J’y ai pensé ! Même que j’ai réfléchi à carrément y retourner vivre. 

Moyi : Eeeeehhhh (il enlève aussi ses lunettes de soleil) ! Petit-frère, ne retourne pas au Congo !! Vas-y quelques mois à la limite pour implanter une entreprise mais oubli l’option d’y construire ta vie. 

Moi : Mais, pourquoi ? C’est mon pays non ? 

Moyi : Mon petit, c’était ton pays. Tu as fait trop de temps ici. Le Congo tu ne le reconnaitras pas et vice-versa. Tu vas avoir beaucoup de problèmes avec les gens, même ceux de ta propre famille. Ils vont tous te prendre pour un pourvoyeur. On fera la file devant chez toi pour te demander de l’argent. 

Moi : Mais Moyi, si j’ai de l’argent je ne vais pas juste le donner tout bonnement. Je vais créer des opportunités pour qu’ils puissent en profiter. Dans le cas où je n’en n’ai pas, et bien, je leur dirai que je n’ai rien. 

Moyi : Si tu leur donne l’opportunité ce n’est pas sure qu’ils vont la saisir. Si tudis que tu n’en pas, ils ne te croiront pas. Tu vas alors t’attirer de la haine et ils monteront toutes sortes d’histoires contre toi. 

Moi : Moyi tu exagères. 

Moyi : Au contraire, il y a des histoires plus pires que ça. Je te dis, oubli ça, tu ne pourras pas t’adapter. 

Moi : Mais nos parents qui ont immigrés ici dans un pays complètement inconnu loin de leur Congo natal. Ils se sont bien adaptés eux, alors comment moi qui vient de là je serai totalement dépaysé ? 

Moyi : Nos parents n’avaient pas le choix. Ils étaient sous la contrainte. Toi, que tu le veuilles ou non, tu auras le choix. Quand se sera trop dure, quand tu en auras vraiment marre, tu vas plier bagages et revenir ici. 

Notre conversation a été interrompue faute de temps, mais je suis parti songeur. Moyi représente bien le phénomène que l’on appelle diaspora. Il aime son pays d’origine, y pense tout le temps, comprend très bien les enjeux et la misère dans laquelle est placé ce coin du monde. Malgré tout ça, il est hors de question pour lui d’y retourner afin de participer à sa reconstruction. 

Ce n’est donc pas un manque empathie, plus une présence de fatalisme. Il porte la terre de ses ancêtres dans son cœur mais préfère lui souhaiter bonne chance à distance.
Malheureusement, la technique loin des yeux près du cœur ça marche peut-être en amour mais pas quand il est question de changement social. 

Autant, le nombre de partages et de hashtags sur les réseaux sociaux n’aboutiront jamais à une véritable révolution. Autant, on ne peut téléguider la relève à des Kilomètres. 

La question est lancée ; comment pourra-t-on changer ce pays si on ne retourne pas au  Congo ?

samedi 16 mai 2015

PKP a gagné : Dont hate the player, hate the game

Hier, était jour d’élection d’un nouveau chef pour le parti Québécois (PQ). Sans grande surprise, la lutte s’est terminée comme le prédisait les sondages depuis déjà quelques semaines, le favori Pierre-Karl Péladeau a fini premier et au premier tour. Péladeau, PKP pour les intimes, à obtenue 57,6% des voix, près du double de son plus proche rival.

Si les ténors du PQ comme les anciens premiers ministres Bernard Landry et Pauline Marois ont le cœur joyeux face ces résultats, cette joie est loin d’être partagée par tous les sympathisants du mouvement souverainiste.

L’élection de PKP gêne car elle n’est pas ‘’juste’’. Ça fait un peu enfantin de le dire comme ça, mais c’est vrai. M. Péladeau n’est entrée dans le Parti Québécois qu’en mars 2014. Une dizaine de mois de militantisme devant les 28 ans d’une Martine Ouellet ou les décennies d’un Jean-François Lisée à conseiller tour à tour Jacques Parizeau, Bernard Landry et Pauline Marois. Ces derniers ont tous étés chefs du PQ et premier ministre du Québec.

Quelqu’un comme M. Lisée a le Parti Québécois tatoué sur le cœur comme on dit au Québec. Reconnu pour sa vive intelligence, il a donné ses conseils aux chefs, écrits des livres sur le sujet, animé des conférences. Malgré tous ces faits d’armes il a dû se retirer très vite de la course, se rendant rapidement à l’évidence que même sa riche expérience n’avait aucune chance devant la machine PKP.

Les trois décennies de Mme. Ouellet n’ont aussi pas fait le poids devant la vague Péladeau, elle a terminé la compétition à des années lumières du nouveau chef avec 13,21%.

Le fait qu’un autre candidat, Alexandre Cloutier, maîtrise davantage l’art oratoire que Péladeau n’est pas tombé à l’oreille des électeurs qui n’ont été que 29,21% à voter pour lui.

En plus, PKP n’est vraiment pas un gauchiste comme se revendique le Parti Québécois. Du temps où il était patron de Québécor il a fait la guerre aux syndicats, ce même mouvement syndicaliste qui constitue un maillon fort de l’électorat de la formation indépendantiste.

Mais la politique étant souvent une question de compromis, les militants peuvent pardonner les dérives autoritaires de leur ancien employeur s’il arrive à faire du Québec un pays. Parce que malgré ces défauts, Pierre-Karl Péladeau a des qualités ; il est riche, puissant et influent. L’image même du Moïse tant attendu pour guider son peuple vers la terre promise, du moins pour beaucoup de souverainistes.

Ainsi va la vie, ce n’est pas un film d’Hollywood où le gentil gagne toujours à la fin. C’est de la politique, et sur ce genre de terrain les règles du jeu sont différentes. L’argent devient le nerf de la guerre, la popularité est incontournable et les contacts non négligeables. Dans ce genre de système, celui ou celle qui rassemble le plus ces conditions a gagné d’avance.

On ne peut donc pas s’acharner sur l’intéressé, on ne peut qu’en vouloir aux critères non écrits de ce genre de concours.

Il y a quelques années, le milieu Hip-Hop américain a inventé une belle citation pour résumer ce genre de situation : Dont hate the player, hate the game.
     



jeudi 14 mai 2015

Le président qui n'aimait pas parler

Joseph Kabila, au pouvoir en République Démocratique du Congo, ne parle presque jamais. L’homme est un véritable taciturne, laissant planer le doute et les rumeurs de toutes sortes à son sujet. Les Congolais semblent en savoir peu sur lui malgré le fait qu’il les dirige depuis 14 ans.

Si les présidents sont connus pour leurs citations mémorables tels ‘‘l’Afrique doit s’unir’’ de Nkrumah ou ‘’yes we can’’ d’Obama, joka (un surnom donné par des Congolais) n’en a aucune.

Face à ces lacunes en communications de leur dirigeant, les Congolais se sont demandé s’il faut en rire ou en pleurer ? Ils ont vraisemblablement optés pour la première option, l’humour Congolais s’est chargé de le surnommer le muet national.

Ses détracteurs disent que s’il est si avare de mots c’est tout simplement parce qu’il n’a rien à dire, tant ses fonctions le dépasse du point de vue habilité. Quant à ses sympathisants, ils veulent minimiser les choses. Ils rétorquent que Kabila est tout simplement comme ça de nature, un homme de peu de mots. Ce qui n’est pas mal en soi ..si on est chercheur en ethnobotanique ou technicien réparateur des escaliers du métro. Mais le premier citoyen d’un pays de 70 millions d’âmes peut-il se payer le luxe de laisser ses concitoyens deviner ce qu’il pense ?

Beaucoup de Congolais ont un doute sur sa nationalité. Stratégie politique de l’opposition ou réelle information ? Peut-importe, la rumeur persiste depuis des années et a une nuisance considérable à son image. Cette simple question sur son acte de naissance a accouchée d’une théorie remettant en cause son patriotisme, prétextant qu’il serait à la solde de son véritable pays d’origine.

Et pourtant Joseph Kabila n’est pas le seul président à qui on a demandé des éclaircissements sur ses souches. Le scénario s’est produit aux États-Unis et en Haïti. On reprochait à Barack Obama de ne pas être né aux États-Unis, et à Michel Martelly d’avoir vu le jour en Italie. Les deux dirigeants ont fournis leurs actes de naissances pour faire taire les détracteurs, et tout le monde est passé à autre chose.

Kabila lui ne dit absolument rien.

Quand on lui questionne sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, encore là, silence de mort.

Il n’en dit pas plus sur les situations ambiguës comme par exemple les conditions de l’attentat du Colonel Mamadou Ndala. En 2006, durant la période électorale, il refuse le débat télévisé face à face que lui propose son challenger, Jean-Pierre Bemba.

Alors, vous vous demandez surement, mais comment fait-il pour ‘‘diriger’’ ce pays ?

Joseph Kabila a réglé le problème à sa façon, et ce n’est vraiment pas en suivant des cours de public speaking. Il a engagé un Monsieur du nom de Lambert Mende en tant que porte-parole et ministre de l’information. Mende est tout le contraire de son patron, une vraie cassette sur le bouton repeat. Il est sur tous les fronts et défend son président avec une énergie et sensibilité digne d’une mère poule.
Lui aussi l’humour Congolais s’est occupé de lui, on le désignant le perroquet national.

Et entre ce duo bizarre, il y a 70 millions de Congolais. Voici donc l'histoire d'un peuple, un perroquet et un président qui n’aimait pas parler.

samedi 2 mai 2015

Adieu Victor Mpoyo : Une bibliothèque a brûlée




La vie est bizarre parfois. Il y a de ça environ un mois j’avais entamé la rédaction d’un article sur Pierre Victor Mpoyo intitulé ‘’Victor Mpoyo ou l’ami de tout le monde’’. J’avais découvert qui était M. Mpoyo vers la fin 2012, au-delà de son parcours atypique, ses forts liens d’amitiés avec plusieurs dirigeants de ce monde avaient attiré mon attention.

Je remettais sans cesse la conclusion de mon article à plus tard, gestion des priorités oblige. À travers le texte que j’écrivais, je voulais présenter Victor Mpoyo, l’homme des coulisses du pouvoir, au citoyen lambda.

Mais il y a quelques jours j’ai reçu une nouvelle : Victor Mpoyo est mort cette semaine. Brusquement, mon papier de présentation c’est transformé en courrier d’adieu, et ne peut plus être remis au lendemain.

Retour sur ce personnage aux mille facettes tout droit sorti d’un film de James Bond.

L’ami de tout le monde

Pierre Victor Mpoyo était l’ami de tout le monde. Son carnet d’adresse était volumineux et impressionnant. De Laurent-Désiré Kabila à Nelson Mandela en passant par Fidel Castro, il a eu à côtoyer de très près les preneurs de décisions de notre planète. Très proche de Laurent-Désiré Kabila qu’il a connu dans sa jeunesse, il fût l’un des principaux soutient financiers et logistiques de sa prise de pouvoir en R.D.C. Kabila le nommera ministre d’état chargé de l’économie, de l’industrie et du commerce extérieure dans son 1e gouvernement.

Mpoyo a aussi été l’une des pièces maîtresses de l’organisation de la rencontre entre Kabila et Mobutu. Présidé par Mandela, la réunion sur un navire Sud-Africain à Pointe Noire (Congo-Brazzaville) avait pour objectif de trouver une solution non armée au coup d’état imminent de l’AFDL.

Une autre influence majeure de Mpoyo est que l’actuel président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila, lui doit sa nomination en 2001. En effet, après l’assassinat de Kabila père, il y eu tout un branle-bas de combat dans l’entourage du Mzee. Il fallait vite lui trouver un successeur, plusieurs noms sont alors suggérés. Après un entretien téléphonique avec Bill Clinton, Victor Mpoyo use de tout son poids pour proposer Joseph Kabila comme remplaçant valable. Mpoyo croyait fermement aux compétences et au sérieux du jeune homme. Hélas, il fût déçu par le nouveau président, jusqu’à sa mort le 23 avril dernier, la relation s’était refroidie entre Mpoyo et son protégé. Cette rupture avait ajouté Mpoyo à la longue liste des anciens pros Kabila père qui ont coupés les ponts avec l’actuel occupant du palais de la nation de Kinshasa.

L’homme qui vient de disparaitre était de toute les luttes et causes africaines. Il a combattu l’apartheid aux côtés de l’ANC de Nelson Mandela. Avec Madiba, Mpoyo avait aussi des liens d’amitiés très étroits. Il a notamment élevé quelques-uns des enfants du leader de l’ANC.

Il a accompagné Mugabe à une réunion des Nations-Unis pour les négociations des accords à l’obtention de l’indépendance du Zimbabwe. Face à la montée de l’UNITA de Jonas Savimbi pour la prise de pouvoir en Angola, Mpoyo réussit à convaincre son ami Obasanjo à la tête du Nigéria d’aider le MPLA de son camarade Agostinho Neto en lui fournissant des moyens financiers et logistiques pour bloquer l’avancée des rebelles. Par le concours d’un autre ami en la personne de Sékou Touré, il reçu aussi l’aide de Fidel Castro. Le Lider Maximo envoya des troupes au sol en Angola pour empêcher la rébellion de prendre la capitale.


L’artiste & l’homme d’affaires

Un des plus grands talents de Victor Mpoyo est surement sa polyvalence. De son vivant, l’homme a menés plusieurs carrières de fronts. Passionné des arts, il a été désigné le plus grand artiste peintre africain. Il a côtoyé des sommités tels Picasso et Salvador Dali. Ses œuvres s’inspiraient de la philosophie bantoue, dont il fût un ambassadeur durant ses nombreuses expositions à travers le globe, de l’Italie au Japon.

Victor Mpoyo a aussi été un homme d’affaires à succès. Devenu millionnaire très jeune, il a fait fortune dans le secteur de l’aviation et du pétrole.

Une bibliothèque a brûlée

Comprendre l’histoire et les implications de Pierre Victor Mpoyo nécessiterait tout un livre, et c’est justement ça le problème, il n’y en pas. À moins d’une annonce dans l’avenir par sa famille et ses proches, l’intéressé n’a laissé aucun mémoire. Un autre grand africain qui part sans donner de témoignage aux générations futures. Sans repères, les nouveaux acteurs du changement pour une meilleure Afrique risquent de refaire les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs. On n’aura jamais de réponse à questions essentielles qu’on aurait pu lui poser. Une fois de plus, on reste sur notre faim. 

Le savoir est une arme qui se dissimule dans un livre. Quand un Victor Mpoyo part sans dissimuler son arme, c’est comme si tout un village entier voyait sa seule bibliothèque brûler sous ses yeux.






Kalala, un nom qui lui allait si bien