Manifestation contre le pouvoir à Kinshasa. |
À ses enfants, on dira : « allez à
l’école, marchez d’un pas assuré, surveillez vos fréquentations, soignez vos
relations, regardez les gens dans les yeux lorsque vous conversez, donnez une
poignée de main ferme, ne faites pas un travail insignifiant. » Aux enfants
des autres, on ne dira rien.
S’ils n’ont pas de père, de mère, ou les
deux, et bien ils se débrouilleront tout seuls. Ils apprendront sur le tas, à
coups d’essais-erreurs, les dures réalités de la vie et ses nombreux non-dits.
Pendant qu’on veille à l’éducation de ses enfants,
les envoient dans les universités les plus cotées du monde, les enfants des
autres sont dans la rue, à manifester en esquivant des balles réelles, pour un
lendemain meilleur au pays. Quand ce
lendemain arrivera, ce seront les enfants dépêchés étudier ailleurs, qui,
bardés de diplômes d’institutions prestigieuses, reviendront occuper les postes
d’envergures des nouvelles organisations.
Et pourtant, les enfants des autres sont à
la première ligne du combat. Ils ne passent pas sur les grands médias, mais ils
sont les porte-voix du changement. Rien n’y fait, ils sont quand même tenus à
l’écart des vraies discussions, ils n’ont pas connaissances des tenants et
aboutissants.
Ils sont invités à table, sans recevoir le
menu. Ils n’ont pas le loisir de choisir, d’ailleurs, ils ne savent même pas vraiment
ce qu’ils mangent. Mais ce qu’ils ignorent par-dessus tout, c’est que c’est à
eux que reviendra l’addition. Ils seront facturés un prix hors norme pour ce
repas qu’ils n’ont jamais commandés.
Les pragmatiques nous dirons : « on
ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs », ils oublieront d’ajouter : « bien
entendu, les œufs doivent provenir d’une autre poule ».
Tant que ce n’est pas dans ma cour, jusqu’ici
tout va bien…
Les enfants des autres sont-ils le
sacrifice humain du changement de système sur la terre mère ?
Car, force est de constater que l’importation en terre africaine, du concept
grec de démocratie, vient avec une facture extrêmement salée.
Il semble que l’Afrique, le continent de
l’arbre à palabres, le pays du gagnant-gagnant, a beaucoup de mal à adhérer spirituellement
à cette théorie de : « j’ai gagné parce que j’ai plus d’amis que toi. » Le
pied africain serait-il trop gros pour la chaussure démocratique ? Un président
peut-il céder sa chaise sans emporter des âmes innocentes avec lui ?
Récemment en RDC, des jeunes gens ont osés
occuper la chaussée pour démontrer leur mécontentement a un pouvoir qui ne veut
pas lâcher après avoir expiré tous les mandats possibles. Ils ont marché pour
tenter d’être plus efficace que l’opposition congolaise qui ne cesse d’avancer
et de reculer, tel une danse de tango sans fin avec leurs frères ennemis de la majorité.
Résultat de cet affront ?
Une quarantaine de cette belle jeunesse ont
perdu la vie, une centaine de blessés physiquement, plus de 400 emprisonnés, et
plus d’un millier heurté psychologiquement.
Ce n’est qu’après cette catastrophe que la
mouvance, les opposants, et une église au beau milieu du village, accepte de
s’assoir et discuter pour trouver un accord.
Il aura fallu tous ces morts pour réunir
tout ce beau monde. Encore une fois, les grands absents à ce rendez-vous sont…les
enfants des autres.
Mayamba Luboya
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