Manifestation contre le FCFA
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Le 10 novembre 1963,
devant une foule conquise à Détroit, Malcolm X, dans son éloquence habituelle,
fait une analogie qui restera marquée dans l’histoire de la lutte
d’émancipation des afro-américains : the
house negro & the field negro.
Pour le porte parole de la Nation of Islam, mélangeant brillance et sarcasme, au temps de l’esclavage des noirs aux États-Unis il y avait deux sortes d’esclaves : celui de la maison et celui des champs.
Pour le porte parole de la Nation of Islam, mélangeant brillance et sarcasme, au temps de l’esclavage des noirs aux États-Unis il y avait deux sortes d’esclaves : celui de la maison et celui des champs.
Le premier, comme son nom l’indique, habite dans la demeure du propriétaire. Il est docile et réfractaire au changement tant il se sent protégé et pris en charge par le maître. Il est domestiqué et apprivoisé à se sentir à l’aise dans le système. Le deuxième est dans les champs, il vit quotidiennement la cruauté de l’asservissement, il prie pour la mort du maître, et n’a qu’un seul rêve : s’enfuir de cette plantation pour créer un monde meilleur.
Prophète Malcolm X ?
Surement, car sa métaphore est toujours d’actualité 50 ans plus tard.
Aujourd’hui, le débat sur le franc CFA reflète drôlement les propos du prêcheur
panafricain.
Le FCFA, d’abord franc des
colonies françaises d’Afrique, pour ensuite être rebaptisé - marketing
oblige - franc des communautés financières d’Afrique, est un héritage colonial,
monnaie fabriquée en France et appartenant à la zone franc, toujours la devise
de 14 pays africains près de 60 ans après les « indépendances ».
Ce billet, une bonne
partie d'Africains, surtout la jeunesse, n’en veut plus. Ils aspirent à gérer
leur propre destin, rêvent d’une monnaie unique africaine qui pourra un jour,
pourquoi pas, concurrencer avec le Yuan, l’euro et le dollar.
Désir tout à fait normal
et légitime, direz-vous. Après tout, presque tous les peuples du monde, à
quelques exceptions rares comme le Japon, ont été à un moment donné de leur existence
soumis à une tutelle avant de se relever et exercer leur droit à
l’autodétermination.
Mais, sortir du FCFA fait débat
en Afrique. Une autre partie d’Africains, dont plusieurs chefs d’état, sont
totalement adverses à quitter cette structure.
Les arguments des pros-FCFA
Pour les partisans du
FCFA, cet argent ne cause aucun problème de souveraineté aux pays membres. D’ailleurs,
la question du FCFA serait essentiellement économique, donc ne devrait en rien
concerner les politiques, groupes de pressions et autres donneurs d’opinions de
nos sociétés.
Les défenseurs du FCFA
sortent quelques chiffres du FMI démontrant que les pays africains sous le FCFA
ont eu plus de succès, dans certains domaines, que ceux en dehors. Que le fait
que le FCFA soit géré par la France serait beaucoup plus de l’aide de bonne volonté
aux pays aux faibles économies que de la recherche de profit ou autres intérêts
quelconques, car la monnaie qui circule dans une quinzaine de pays d’Afrique ne
pèse pas lourd sur le PIB français.
Mais l’argumentation la
plus populaire chez les pros-CFA est la stabilité. Le FCFA est stable, c’est un
fait, et ses souteneurs craignent le risque d’une dévaluation et autre catastrophe s’il fallait changer de devise.
L’Afrique est grande maintenant
Et pourtant des solutions
de rechange existent. Plusieurs pays sont sortis de la zone franc et ne sont
pas morts pour autant. Il existe d’autres états, comme celui de la Corée du
Nord avec une monnaie près de 2 fois plus dévaluée que le FCFA, mais tout de même
avec un PIB par habitant avoisinant celui du Burkina Faso par exemple.
Des économistes de renoms
comme Nicolas Agbohou et Mamadou Koulibaly ont publié des pistes de solutions
depuis des années. Les pays membres du FCFA ne sont donc pas devant l’inconnu,
comme un affranchi qui, une fois sa liberté reprise, ne sait guère où aller.
L’Afrique est-elle cette
grande ado dans un corps d’adulte ? Se refusant à vieillir, elle a atteint l’âge
mature de vivre seule, mais compte toujours sur ses parents pour l’aider à
payer le loyer..
Nos ancêtres n’avaient pas
de PhD en économie, mais ils savaient pertinemment que manager sa monnaie au Portugal
ou en Allemagne n’était pas très brillant.
Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage
1851, en pleine période de la
traite des noirs aux États-Unis, un médecin américain inventa de toute pièce
une maladie mentale propre aux esclaves noirs, la « drapétomania ». Cette «
indisposition » était décrite par son concepteur comme : la façon récurrente
d’esclaves à s’enfuir de leurs lieux de captivités. D’où « drapete », signifiant
fuyard en grec ancien, et « mania » désignant folie.
Aujourd’hui, la maladie à
la mode que l’on veut coller aux africains qui veulent sortir du FCFA c’est, l’émotion!
Une sorte « d’émotionomania », une folie passionnelle qui empêcherait l’Africain
de régler des questions sensibles avec lucidité.
La jeunesse africaine doit
s’opposer à ce mépris avec la dernière énergie.
Une question de caractère
À travers ses observations, Charles Darwin remarqua que notre écosystème est fait de rapport de force dont seuls les plus aptes survivent à ces interactions.
À travers ses observations, Charles Darwin remarqua que notre écosystème est fait de rapport de force dont seuls les plus aptes survivent à ces interactions.
Car, souvent plus que l’intelligence,
le caractère est l’élément qui fait toute la différence. Comme si la nature ne tolérait
aucune forme de faiblesse.
Le caractère ne s'apprend
pas à l'école, ou peut-être, à l'exception, de la cour de récréation.
Mais contrairement à sa sœur, le caractère est fier! L'un n'est pas antagonique à l'autre, cependant leur cohabitation demande du doigté pour éviter que l'un ne piétine sur les plates-bandes de l’autre.
Longtemps, le caractère et l'intelligence se sont affrontés dans l'esprit des grands hommes. Lumumba, Churchill, Mao et autres ont tous eu besoin un jour de prendre une décision basée sur le caractère pour l’avenir de leurs peuples.
Pour ou contre le FCFA, chaque camp campant sur ses arguments, cette palabre nous démontre clairement qu’elle est belle et bien, une question de caractère.
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