Des migrants de l'Afrique subsaharienne en captivité en Libye. |
Solidarité, voilà un mot international, traduisible dans
toutes les langues, conceptualisées dans toutes les cultures. Quand nous nous remémorons que l’homme est
animal social, le terme prend tout son sens.
En effet, se sentir solidaire, n’est-ce pas là
une des manifestations les plus humaines ?
Même dans les sociétés les plus individualistes comme les
États-Unis où « l’American
Dream »
ne se conjugue qu’au singulier, les taxes, impôts, et « food
stamps »
viennent rappeler aux plus fortunés qu’il est une obligation de faire un pas
vers les plus précaires.
De même, lorsque l’on apprend qu’en Libye, en Mauritanie
et ailleurs dans le monde des hommes sont mis en esclavages, l’être humain,
partout où il se trouve, devrait monter au créneau contre ces pratiques irréelles
avec la dernière énergie.
Curieusement, face à cet affront de la dignité
humaine, la réponse est faible, ou plutôt, disproportionnée. C’est que la vague
d’indignation sur les Facebook, Twitter et Compagnies, ne s’est pas traduite
dans les rues, devant les ambassades ou dans les cotisations pour aboutir à des
projets concrets. La révolte est restée
numérique, laissant la révolution sur le pavé.
En réagissant sur les réseaux sociaux, nous sommes
dans l’illusion d’avoir fait notre part. Que quelqu’un quelque part se chargera
de mener le combat plus loin ! Le problème est que tout le monde attend ce, « quelqu’un
quelque part ».
Les réseaux sociaux sont comme l’argent : un bon
serviteur, mais un bien mauvais maître. En effet, ces technologies sont d’excellents
outils de communications, mais ils atteignent leur seuil d’incompétence lorsque
l’on veut en faire un chef de file.
Changer sa photo de profil Facebook pour
contester l’esclavage d’êtres humains en Libye, c’est comme aller à la guerre
avec un couteau de cuisine.
À l’instar des jeux vidéo, il y a quelque chose de « dangereusement
confortable »
dans les réseaux sociaux. Une sorte de bon vivre virtuel qui crée, lentement
mais surement, une déconnexion bien réelle. Ce que les spécialistes de la question appellent
la cyberdépendance a subtilement empoisonné toutes les sphères de notre
société.
Nous sommes bien loin des années 60 où des manifestations
spontanées dans les capitales du monde avaient eu lieu pour dénoncer l’assassinat
d’un... jeune premier ministre congolais, Patrice Lumumba. N’est-il pas ironique que près de 60 ans plus
tard, nous ayons fait un grand pas en avant technologiquement pour faire un bond
en arrière humainement ? Qu’un instrument crée
pour nous rapprocher nous a distancés émotionnellement ?
La Ligue des Noirs du Québec aura le défi de répondre
à ces questions. En effet, elle invite toute personne à participer au grand
rassemblement qu’elle organise contre l’esclavage en Libye, ce samedi 16
décembre - 12h00 au parc Toussaint Louverture à Montréal.
Une initiative qui veut redonner à l’homme sa
grandeur, une démarche ô combien salutaire à l’heure où tout se règle en ligne en
moins de 140 caractères.
Mayamba Luboya