De l’extérieur, il bloque l’accès au
tribalisme, à l’égocentrisme, à l’amateurisme et autres fauteurs de troubles
qui finissent en isme. De l’intérieur,
il chaperonne ses enfants, précautionne ses personnes âgées.
Le mur doit être impénétrable à la
zizanie, immunisé à la distraction. Un édifice de ce genre ne pousse pas seul
dans la nature, il se construit avec la sueur des membres de cette
collectivité. Chacun des adhérents y
apportant sa pierre, chaque bras y mettant la main à la pâte. Parce que tous
les organes auront façonnées cette architecture, la forme finale aura le visage
de ses bâtisseurs.
Dans les chambres de cette maison, il doit
y avoir des cours de conjugaisons. Oui, apprendre à ne pas parler de soi à la première
personne du singulier. Non plus à la troisième personne par narcissisme mais à
la première du pluriel par allocentrisme.
Redéfinir la réussite, car le succès seul
et caché est la voie royale vers l’échec communautaire.
Le créateur à fait en sorte que nous n’avons
pas eu le droit de regard sur certains éléments pourtant primordiaux dans nos
vies. On peut choisir le t-shirt qu’on
portera aujourd’hui mais pas sa famille. On peut trancher sur les différents
groupes auxquelles nous voulons adhérer, mais pas sur sa communauté. Elle nous
a été imposée tel un diktat céleste.
À nous ici-bas de combiner avec elle, pour
le meilleur et pour le pire. Dans l’extravagance
comme dans la médiocrité. Même quand on aimerait se départir de sa tâche
collective et s’en laver les mains comme Ponce Pilate, ce mur nous suit comme
un ombre. Un dicton en lingala dit, « kombo nayo ekofunda yo », signifiant
littéralement, « ton nom va te trahir ».
Notre patronyme serait donc un garde-fou contre toute tentative de fuite
hors des frontières du mur. Il rattrape notre complexe, expose notre
individualisme.
Malencontreusement, c’est trop souvent le
malheur qui déclenche notre instinct grégaire. Comme si il nous faut être au
pied du mur pour exprimer notre grégarité.
Voilà un autre aspect qui doit être abordé
dans les couloirs de cette construction de groupe ; se réunir pour le plaisir. Se
tourner vers les autres même quand tout vas bien, aider de manière
désintéressé.
Comme l’aboutissement des Pyramides d’Égypte,
le résultat ciblé prendra du temps, il demandera aux constructeurs de s’armer
de patience. De mettre leur moral à l’épreuve des tentations des petites
victoires court-terministes pour un triomphe sur le long terme.
Que les hommes et les femmes disposés à
cette entreprise se lèvent ou se taisent à jamais.
Guy-Serge Luboya
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