L'African Jazz |
Je me suis souvent demandé qui pouvait vivre sans musique ?
Pour ma part, ce serait très difficile, voire impossible. J’écoute toutes
sortes de compositions pour toutes sortes d’occasions.
Le chant berce l’esprit, lui donne les capacités d’un avion tant il vous évade ne serait-ce que la durée d’un refrain, les compétences d’une machine à remonter dans le temps, tellement il peut évoquer des souvenirs.
Il arrive aussi qu’une œuvre musicale devienne un puissant
instrument de changement social. Des musiciens comme Bob Marley, Brenda Fassi,
Tupac Shakur ou même Chad « Pimp C » Butler l’avaient bien compris de leurs vivants. Eux
qui n’ont cessés de transmettre un message à la masse derrière une métaphore ou
entre deux accords de guitare. La vraie musique, on l’entend avec ses oreilles
mais l’écoute avec son cœur.
Ce goût que j’éprouve pour la chanson vient certainement du
bagage culturel que j’ai hérité de mes origines Congolaises. Car en effet,
chanter et danser sont une tradition en R.D Congo. Depuis les esclaves Congolais,
au 18e siècle, profitant du Code
Noir sur l’asphalte du Congo Square
en Nouvelle-Orléans, jusqu’à l’artiste Fabregas
dans son récent tube Mascara, les
anciens Zaïrois n’ont jamais perdu le rythme. Cadence qui a influencé toute
l’Afrique.
Toutefois, si les musiciens Congolais n’ont pas égarés cette
affinité avec la musique, en revanche, ils ont délaissés le côté éducateur de
la chose.
Aujourd’hui, hormis les Jean Goubald et Lokua Kanza, rares sont
les compositeurs du grand Congo qui traitent de questions sociétales dans leurs
œuvres. De nos jours, on vante les vertus de la bière et les ..parties du
poisson (longue histoire).
Il faut remonter près de 50 ans en arrière, autour des années
60, pour retrouver la musique engagée dans l’ex-Zaïre. Les chanteurs de
l’époque étaient de véritables sociologues, observant leurs contemporains et commentant
leurs faits et gestes. Ils n’allaient pas très loin pour puiser leurs
inspirations, toutes leurs influences provenaient de la société qui les
entourait.
Ainsi, dans un Congo qui manque cruellement de bibliothèques,
ces mélodies des anciens sont d’une
grande pertinence pour illustrer la société congolaise d’antan.
Voici trois incontournables de la chanson Congolaise pour comprendre le Congo d’autrefois et saisir le génie de ses artistes.
1.
Indépendance
cha cha de Joseph Kabasele (Grand Kallé) et l’African Jazz.
Independance chacha vous
plonge en plein cœur des tractations pour l’indépendance du Congo entre les nouveaux
responsables Congolais et les colons belges.
Ce
qu’il y a de particulier avec cette composition c’est que lorsque l’on parle de
plongeon au sein des négociations ce n’est pas qu’au sens figuré mais bien aussi
au propre. Effectivement, l’artiste Joseph Kabasele et la troupe African Jazz
qui interprète la chanson révolutionnaire, sont tous présents en Belgique lorsque
leurs compatriotes politiciens négocient les termes d’un Congo indépendant.
La
veille de la signature de l’acte d’indépendance, Thomas Remy Kanza, proche
conseiller du premier ministre Patrice Lumumba, propose à Joseph Kabasele de
concevoir une chanson qui immortalisera cette évènement. Kanza insiste sur le
fait que la musique doit être enivrante
car l’orchestre devra la jouer devant public le lendemain. En dernier lieu,
Thomas Kanza remet au Grand Kallé une liste de noms des participants à ces
discussions afin que le groupe introduise ces patronymes dans la mélodie.
La
chanson fût conçue en une seule nuit et devint un succès instantané.
Mario est le personnage central de ce grand succès du rumbiste Franco Makiadi. Ce Mario, est
un violent gigolo. Il profite du
travail d’une femme amoureuse de lui et n’hésite pas à lui faire subir des sévices
corporels lorsqu’il éprouve de grosses crises de jalousies.
Non seulement c’est madame qui
paie le loyer, mais Mario veut conduire la nouvelle Mercedes de son amante, lui
laissant plutôt le siège passager. De plus, il aime toujours bien paraitre en
public et voudrait faire croire qu’il est le seul responsable de ses beaux
costumes et de sa belle apparence. Dans ce Congo machiste de l’époque, il ne
faudrait surtout pas que l’on apprenne que tout cela est le travail d’une femme.
Le greluchon serait vite tombé en disgrâce.
Des femmes qui tiennent les
finances et entretiennent des hommes, matériellement parlant, était un sujet
tabou dans ce paysage. Pour aborder ce thème et en faire un hit, le parolier Franco a été avant-gardiste
et courageux.
Sans
peur d’être contredit, on peut affirmer que Sam Magwama était un grand poète. Dans
ce titre, il aborde la question de la mort. En effet, Mabele signifie la terre en lingala.
Guy-Serge
Luboya
Pour en savoir
plus sur la création d’independance chacha, voici un court documentaire ;
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