« What’s wrong with the world, mama? People livin like they ain’t
got no mamas », chantait l’artiste Will.I.Am du groupe The
Black Eyed Peas, dans leur méga succès « where’s is the love? ».
Le chanteur engagé se questionnait à haute
voix, se demandant où est l’amour ? Par ce cri du cœur, il constatait son
impuissance face au dérapage de son monde. Un monde qui semble avoir perdu ses
repères, qui porte à croire qu’il a effacé la trace de l’origine des choses.
Et si pour résoudre ces maux, nous cherchions
dans l’étymologie des mots ?
Oui, et si cette racine se trouvait dans les
langues africaines ?
En effet, le premier homme moderne venant
d’Afrique, il est cohérent d’affirmer, qu’il en irait de soi pour la première
langue. Cette dernière nous révélerait l’état d’esprit de notre ancêtre commun.
Cette sagesse des « anciens », nous aiderait
surement à trouver un point d’ancrage, un rempart de notre humanité à l’heure
où Google s’active à créer des robots par l’intelligence artificielle, au
moment où Zhao Bowen et le BGI (Beijing Genomics Institute) menacent notre
diversité par leur obsession de créer une race de bébés génies.
Les langues africaines nous ramènent à la
raison, elles nous font découvrir la conception, tout autre, qu’avaient les
premiers occupants de l’univers qui nous entoure.
Le déchiffrement d’une langue comme le Meroïtique est une véritable quête du Saint
Graal, qui pourrait traiter plusieurs questions sans réponses de notre temps.
En ce sens, ces anciennes langues d’Afrique
devraient être le rêve de tous historiens, archéologues, chercheurs, bref, tous
ceux-là qui ont hérités d’une âme fouineuse. L’un
d’eux se nommait Martin Bernal, dans sa thèse « Black Athena », il démontre que
près de la moitié des mots Grecs sont d’origines africaines. D’autres grands «
fouineurs » comme le linguiste Théophile Obenga, aborde dans le même sens selon
son ouvrage intitulé : L'égyptien pharaonique : une
langue négro-Africaine.
Les langues africaines ont réponses à tout, là où aujourd’hui nous
détruisons la nature, ces langues ont tout nommé par
rapport à leur espace naturelle. Elles sont intimement liées au cosmos.
Ainsi, en Lingala, langue issue du Bobangi et majoritairement parlée en R.D.
Congo, on appelle une année de 365 jours, la pluie (mbula). On nomme un
mois de 30 jours, la lune (sanza). On calcule donc le temps, savamment,
à partir de l’environnement.
De nos jours, à l’époque de l’individualisme,
du chacun pour soi, là encore, nos chères langues africaines rectifient le
tir. Effectivement, toujours en lingala, le mot bomoko se
traduit en français par « ensemble », or, il signifie littéralement « le
caractère de l’un », comme pour dire que la personnalité de l’individu, c’est
d’abord le groupe. Cette notion rejoint celle d’Ubuntu, en langue Xhosa, qui se
traduit par « je suis, parce que nous sommes ».
Notre cher 21 e siècle est comme une automobile qui file à 100 à
l’heure sur l’autoroute du progrès. Le pied toujours plus lourd sur la pédale,
les yeux constamment rivés droit devant. Toutefois, en bon conducteur, nous nous
devons de jeter un coup d’œil sur le pare-brise, cela s’avérerait plus sage et
pourrait, sans aucun doute, nous sauver la vie.
Guy-Serge Luboya