Le Lingala vous
connaissez ? Cette langue africaine dont on retrouve les locuteurs en Afrique
centrale, majoritairement en république démocratique du Congo. Langue des
Bangala, ethnie provenant de la région de l’équateur dans le nord-ouest de la
R.D.C, le Lingala s’est tranquillement imposé pour ainsi devenir une des 4
langues nationales de l’ex-Zaïre et la lingua franca de sa capitale, Kinshasa.
Des guerriers
Bangala, aux forces armées Zaïroise (FAZ) en passant par les musiciens
Congolais, les vecteurs du Lingala ont joué un rôle déterminant dans
l’évolution de la langue à travers les époques. La langue a aussi été exportée
hors des frontières Congolaises et Africaines notamment par la diaspora
lingalaphone et la musique.
Mais le lingala
n’est pas qu’une mélodie d’un Koffi Olomide, ou un déhanchement de taille d’un
Fally Ipupa. La langue est beaucoup plus profonde, et cache des concepts. Comme
tout langage, elle trahit l’état d’esprit de ses locuteurs natifs. Von Goethe
ne disait-il pas que ‘’l’âme d’un peuple vit dans sa langue’’.
Découvrez trois concepts du lingala qui changeront votre façon de l'appréhender.
Le verbe avoir n’existe
pas
Vous ne
posséderez jamais rien si vous le dites en lingala. Effectivement, la langue n’a
pas de verbe avoir. Vous vous demandez alors, mais comment font-ils pour
désigner leurs biens?
Voilà je vous
explique ; le verbe être à l’infinitif se dit ‘’ko zala’’. Sans rentrer dans
les détails, tous les verbes à l’infinitif en lingala ont le préfixe ‘’ko’’. La
préposition ‘’avec’’ se traduit ‘’na’’ en lingala. Ainsi, les lingalaphones
disent ‘’ko zala na’’, qui signifie littéralement ‘’être avec’’.
Donc, si vous
avez une BMW et une villa sur le bord de la mer, vous ne dites pas j’ai mais je suis avec une BMW et une villa sur le bord de la mer. La logique
est la même pour votre conjoint, vos enfants, famille et amis. Vous n’avez rien
mais êtes avec tout.
Cette philosophie
bantoue veut placer l’être au centre de toute chose. Veut rappeler à l’être que
ce qu’il croit posséder ne lui ai pas donné, mais prêté.
Hier & demain : même
combat
Il y a deux
grandes manières de concevoir le temps ; cyclique pour les uns, linéaire pour
les autres. Si en occident on appréhende le temps davantage comme une ligne,
dans le fondement de plusieurs sociétés africaines et asiatiques, il est plus
vu comme un cercle. Ce n’est donc pas par hasard qu’en lingala on utilise le même
mot pour dire hier et ..demain.
En effet, ‘’lobi’’ veut dire hier et demain
selon le contexte. Pour les lingalaphones, hier est demain et demain est hier.
Cette
conception temporelle n’est pas pour le statut quo comme a voulu le faire
croire un certain Nicolas Sarkozy lors de son tristement célèbre discours à
Dakar en 2007 sur l’homme africain qui n’était
pas assez rentrée dans l’histoire. L’ancien président Français n’avait
réussi qu’à étaler son manque de culture au monde entier.
''Lobi'' n'est pas contre le progrès, ''lobi'' veut simplement rappeler que rien n'est nouveau sous le soleil.
La vie est la personnalité du soleil
En janvier
2015, lors d’une conférence organisée par l’école de langues africaines ELA
JAMBO sur les concepts des langues d’Afrique, le professeur Ally Ntumba décortiquait
brillamment le mot ‘’bomoyi’’, signifiant ‘’la vie’’ en lingala. En effet,
‘’bo’’ est un préfixe utilisé pour désigner le caractère de quelques chose.
Exemple, ‘’moto’’ signifie être humain, ‘’bomoto’’ veux dire personnalité, la
façon d’être de cette homme ou femme. Ainsi, si on enlève le préfixe ‘’bo’’
dans le mot ‘’bomoyi’’, on obtient ‘’moyi’’ qui signifie.. soleil. ‘’Bomoyi’’
se traduit donc comme la personnalité du soleil.
Si une
personnalité est une nature comme l’indique le dictionnaire, le mot ‘’bomoyi’’ nous
illustre que bien avant les recherches scientifiques subventionnées à coup de
millions, les ancêtres lingalaphones au bord du fleuve Congo avaient
déjà compris que le soleil est la source de vitamine D essentiel à la vitalité.
J'ai découvert certains de ces concepts dans le cours que je suis actuellement à ELA Jambo. Ce texte met bien en valeur la beauté et la richesse du lingala. Bravo!
RépondreSupprimerMalaïka
Merci Malaika !
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