jeudi 5 mars 2020

Hugo au pays sans chapeau

Hugo Chavez
C’était il y a exactement 7 ans. Au petit écran apparaissait le grand Nicolas Maduro. En sanglots, le meilleur élève du maître Chavez annonçait aux Vénézuéliens «l’information la plus dure et tragique que nous pouvons transmettre à notre peuple». 
Hugo était parti là d’où on ne revient pas, il s’était exilé au pays sans chapeau. 


C’était la fin d’une vie de lutte. Le terminus d’un petit métis timide du Llanos devenu une grande gueule internationale. C’est qu’il parlait Hugo, il parlait beaucoup et sans filtre. Comme s’il voulait prendre une revanche sur ces années d’enfance taciturnes. Car oui, ce n’est qu’à l’adolescence, en jouant les animateurs aux concours de Miss qu’il a vaincu cette grande timidité qui l’empêchait de devenir la bête politique à laquelle son destin avait donné rendez-vous.

Hugo parlait avec la légèreté de son cœur. Pratiquant son devoir d’utopie, nécessité de tout dirigeant, il faisait rêver un peuple abonné aux aventures cauchemardesques. Hugo avait le duende, ce don de la parole qui dirige les mots non pas aux oreilles, mais au tréfonds de l’âme. Transporté par les livres, ceux d’un haut niveau de littératie, il avouera lui-même en clamant «
l’histoire m’a emporté».

Car, les livres sont un baptême de feu par lequel l’esprit ne peut garder les mêmes propriétés après avoir été frappé par une œuvre littéraire majeure. Chaque page tournée taclant vos convictions, étalant votre ignorance.

Tout ce savoir accumulé, c’est en connaissance de cause qu’il prit une approche Sankarienne en privant le champagne à certains afin que tous boivent de l’eau potable.

À peine son corps refroidi que les champions de la calomnie se mirent à l’œuvre pour détruire son image. Dictateur, gorille, inculte, il fallait profiter de son silence éternel pour faire entendre les hurlements de ses vociférateurs.

Mais, paradoxalement, Chavez est peut-être le plus sérieux obstacle à la pérennité du Chavisme. Sa personnalité omniprésente, sa posture d’homme providentiel rendent très boiteuse la longue marche du Chavisme sans son turbulent en chef.

La grande faucheuse étant passée, ils devront se débrouiller sans Hugo. De toute façon, il est sûrement occupé à lire la constitucion, là-bas 
où il a dû retirer son inséparable béret rouge, au pays sans chapeau. 


Mayamba Wa Luboya 


*
Le Pays sans chapeau est une expression haïtienne qui désigne l’au-delà en Haïti, parce que personne n’a jamais été enterré avec son chapeau.

Kalala, un nom qui lui allait si bien