jeudi 14 mai 2015

Le président qui n'aimait pas parler

Joseph Kabila, au pouvoir en République Démocratique du Congo, ne parle presque jamais. L’homme est un véritable taciturne, laissant planer le doute et les rumeurs de toutes sortes à son sujet. Les Congolais semblent en savoir peu sur lui malgré le fait qu’il les dirige depuis 14 ans.

Si les présidents sont connus pour leurs citations mémorables tels ‘‘l’Afrique doit s’unir’’ de Nkrumah ou ‘’yes we can’’ d’Obama, joka (un surnom donné par des Congolais) n’en a aucune.

Face à ces lacunes en communications de leur dirigeant, les Congolais se sont demandé s’il faut en rire ou en pleurer ? Ils ont vraisemblablement optés pour la première option, l’humour Congolais s’est chargé de le surnommer le muet national.

Ses détracteurs disent que s’il est si avare de mots c’est tout simplement parce qu’il n’a rien à dire, tant ses fonctions le dépasse du point de vue habilité. Quant à ses sympathisants, ils veulent minimiser les choses. Ils rétorquent que Kabila est tout simplement comme ça de nature, un homme de peu de mots. Ce qui n’est pas mal en soi ..si on est chercheur en ethnobotanique ou technicien réparateur des escaliers du métro. Mais le premier citoyen d’un pays de 70 millions d’âmes peut-il se payer le luxe de laisser ses concitoyens deviner ce qu’il pense ?

Beaucoup de Congolais ont un doute sur sa nationalité. Stratégie politique de l’opposition ou réelle information ? Peut-importe, la rumeur persiste depuis des années et a une nuisance considérable à son image. Cette simple question sur son acte de naissance a accouchée d’une théorie remettant en cause son patriotisme, prétextant qu’il serait à la solde de son véritable pays d’origine.

Et pourtant Joseph Kabila n’est pas le seul président à qui on a demandé des éclaircissements sur ses souches. Le scénario s’est produit aux États-Unis et en Haïti. On reprochait à Barack Obama de ne pas être né aux États-Unis, et à Michel Martelly d’avoir vu le jour en Italie. Les deux dirigeants ont fournis leurs actes de naissances pour faire taire les détracteurs, et tout le monde est passé à autre chose.

Kabila lui ne dit absolument rien.

Quand on lui questionne sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, encore là, silence de mort.

Il n’en dit pas plus sur les situations ambiguës comme par exemple les conditions de l’attentat du Colonel Mamadou Ndala. En 2006, durant la période électorale, il refuse le débat télévisé face à face que lui propose son challenger, Jean-Pierre Bemba.

Alors, vous vous demandez surement, mais comment fait-il pour ‘‘diriger’’ ce pays ?

Joseph Kabila a réglé le problème à sa façon, et ce n’est vraiment pas en suivant des cours de public speaking. Il a engagé un Monsieur du nom de Lambert Mende en tant que porte-parole et ministre de l’information. Mende est tout le contraire de son patron, une vraie cassette sur le bouton repeat. Il est sur tous les fronts et défend son président avec une énergie et sensibilité digne d’une mère poule.
Lui aussi l’humour Congolais s’est occupé de lui, on le désignant le perroquet national.

Et entre ce duo bizarre, il y a 70 millions de Congolais. Voici donc l'histoire d'un peuple, un perroquet et un président qui n’aimait pas parler.

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