Quand j’étais petit
on m’a dit que Napoléon était un grand guerrier maîtrisant l’art de la
guerre comme personne. Que Christoforo Colombo était un explorateur hors
pair à qui l'on doit la découverte de l’Amérique.
Je me rappelle aussi des leçons sur Mandela, homme au grand cœur,
symbole du pardon ou de Martin Luther King, dirigeant du mouvement des droits
civiques pour les noirs américains qui combattait la haine par l’amour.
Mais curieusement, jamais dans cette période on ne m’a mentionné le nom
de Kimpa Vita, ni à l’école, ni à la maison. Je me demande même si ceux censés
m’en parler étaient au courant de l’existence de cette jeune femme.
Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que Kimpa Vita ne cadrait
pas dans ce tableau. C’est vrai, où aurait-on pu placer une femme, âgée d’une
vingtaine d’années, révoltée et anticonformiste de surcroît, sur cette photo en
compagnie d’explorateur douteux et leaders noirs modérés ?
Kimpa n’aurait pas pu être au milieu, ni à gauche, ni à droite. Sur
cette image, le seul endroit où on aurait pu la cacher..euh..la placer
c’est..en arrière.
C’est justement dissimulé derrière toutes ces histoires que j’ai
finalement découvert Kimpa Vita il y a quelques années. J’ai été frappé par
l’esprit avant-gardiste de cette grande visionnaire. Au
début des années 1700 elle tenait un discours qui serait encore
d’actualité aujourd’hui.
Kimpa Vita n’était pas une « grande exploratrice », elle n’allait pas
chez les autres leur dicter comme vivre leurs vies. Elle était chez elle au
Royaume Kongo quand elle a refusée l’endoctrinement de certains étrangers venus
du Portugal, voilà tout son crime.
La fille née Kongo, guidée par une mission prométhéenne,
avait essayé de mobiliser la masse contre une imposture que ses yeux
infrarouges avaient détecté. On ne l’a pas pardonné cet audacieux défi, elle a
été brûlée vive en 1706.
309 ans presque jour pour jour après sa mort j’ai pensé à Kimpa Vita. En
effet, elle a été dans un coin de ma tête tout ce mois de juillet. D'abord car
elle morte en juillet, on a marqué l’anniversaire de son décès entre le 2
ou 4 juillet.
Ensuite, parce que l’Institut Kimpa Vita, une organisation à but non
lucratif qui porte son nom, m’avait invité à participer à leur retraite
annuelle du mois de juillet autour de la révolutionnaire.
Mais surtout parce que le 31 juillet est la journée de la femme
africaine (www.journeefemmeafricaine.com).
Je l'appelle « Mama » car elle avait le sens des responsabilités et du
sacrifice qui caractérise si bien une mère.
Mon souhait est qu’en écrivant sur Kimpa Vita, en organisant des
recueillements autour de son œuvre, elle ne soit plus éclipsée sur le cliché de
l’histoire pour les nouveaux petits.
Guy-Serge Luboya
Retrouvez l’intégralité de ce texte sur : www.journeefemmeafricaine.com
Bonsoir Guy-Serge,
RépondreSupprimerVisionnaire, avant-gardiste donc forcément minoritaire, son destin était scellé à partir du moment où elle a choisit la défense frontale.
Avec un grand retard, je te remercie de ta contribution.
Grace
Thx very much !
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