Samedi le 28 février, avait lieu une magnifique activité dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs à l’école des langues africaines à Montréal, Ela Jambo.
La conférence intitulée « Thomas Kanza ou l’éminence grise de Patrice Lumumba » avait pour objectif de faire la lumière sur cet homme de l’ombre méconnu du grand public.
Une vingtaine de personnes se sont présentées dans un local habituellement utilisé comme salle de classe. L’espace limité et le nombre restreint de participants a donné une touche conviviale à ce rendez-vous. Un trait d’union, ce moment magique où une nouvelle génération rencontre une ancienne par l’entremise d’un témoin privilégié.
Notre témoin était M. Albert Ndandu Ya Mahania, président & fondateur du Festival du Cri du Congo pour la paix. L’élément non-négligeable de l’avoir comme conférencier est le fait qu’il a connu Thomas Kanza personnellement. Les yeux émerveillés et le ton énergique, il nous a transportés de 2015 à 1960 en plein cœur de la lutte de nos grands-parents pour une vie plus digne.
De notre hôte, nous étions si proche physiquement mais si loin tant il nous abordait une autre époque. Une génération séparait la plupart de l’assistance de l’intervenant. Cette distance a davantage était illustrée lorsqu’il racontait des anecdotes sur certains membres de la classe politique Congolaise d’antan en prenons pour acquis que tout le monde connaissait ces gens-là.
Thomas Kanza a été, à une période, le plus proche collaborateur de Patrice Lumumba et son principal conseiller. Allergique aux caméras, il faisait en « coulisses » ce que son camarade Patrice faisait sur le podium.
M. Ndandu nous a racontés comment est-ce que Thomas Kanza a failli sauver la vie de Lumumba grâce à ses talents d’habile diplomate et de fin tacticien. En effet, connaissant Eleanore Roosevelt, il avait ses
« entrées » dans l’entourage de John F. Kennedy du temps où celui-ci était représentant démocrate du Massachusetts.
Selon Kanza, Kennedy était favorable à l’émancipation des Congolais et au leader de cette cause.
JFK était, parait-il, déterminé à travailler avec Lumumba dès qu’il s’installerait dans le bureau ovale de Washington.
S’ensuit alors une anxieuse course contre la montre ou plutôt contre la mort. D’un côté, Kanza s’activant avec la dernière énergie pour garder Lumumba en vie jusqu’à l’établissement de JFK, et de l’autre les frères John & Allen Dulles, dirigeants de la CIA, décidés d’en finir avec le héros national Congolais.
Malheureusement, Kanza perdit son combat. Lumumba fut assassiné le 17 janvier 1961, Kennedy prêta serment 3 jours plus tard.
Après l’exposé, s’en est suivie une période de questions-réponses très essentielle. Des interrogations telles que: comment se fait-il que la CIA arrive à tuer nos leaders si facilement ? Le Congo pourrait-il un jour jouir de ses richesses ou est-il condamné à courber l’échine ? Comment expliquer que les Congolais doivent miser leur destin sur un dirigeant à Washington ?
Le conférencier Albert Ndandu a donné sa vision de la situation sans avoir de réponse absolue. C’est normal, je crois que des questions de ce genre ne trouvent leurs réponses que dans le temps.
Le temps se chargera de fabriquer une nouvelle génération de Thomas Kanza & Patrice Lumumba. Des forces obscures pourront s’asseoir des heures à élaborer des plans pour maintenir un peuple dans la médiocrité, mais le jour où le vent de la révolution soufflera dans l’oreille des opprimés, les plans des oppresseurs s’envoleront par la force de ce même vent.
Samedi le 28 févier, nous étions tous Thomas Kanza ! Inconnus du grand public, nous étions réunis dans
« les coulisses » à échanger autour d’une cause noble et juste.
Ata ndele*
Ata ndele,en Lingala, signifie tôt ou tard. C’est aussi le titre d’un des livres de Thomas Kanza.
P-s: Thomas Kanza à écrit une dizaine de livres, la plupart disponible sur amazon.com.
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